Danse en Seine a eu le privilège de rencontrer Samuel Murez, danseur, directeur artistique et chorégraphe du groupe de 3e étage. Présentation de sa dernière pièce « Désordres », détails du contexte de sa création… mais surtout échange avec un artiste passionné ! Retour sur cette très belle rencontre.
A une semaine de la première de « Désordres » au Théâtre André Malraux (Rueil-Malmaison), les derniers préparatifs se bousculent et les répétitions vont bon train pour le groupe. Entre deux, Samuel Murez parvient encore à trouver du temps pour échanger sur sa pièce avec nous. Pourquoi ? Tout simplement car c’est un artiste passionné, qui aime partager son art avec son public. Et cela n’est pas pour nous déplaire !
Souvenez-vous, la compagnie 3e étage avait déjà retenu notre attention lors des soirées danseurs/chorégraphes. Puis coup de coeur pour « Désordres », lors de son passage à Levallois. C’est donc avec enthousiasme, mais aussi un peu intimidée, que je me rends à l’entrée des artistes de l’Opéra Garnier pour le rencontrer. Samuel Murez est d’une accessibilité déconcertante: au bout de quelques minutes, on discute de tout et de rien, mais de danse surtout. Et je n’ai pas en face de moi un brillant danseur de la prestigieuse maison de l’Opéra de Paris, figure inaccessible, mais un grand artiste, simple et authentique. Un artiste enthousiaste, très heureux de partager son art avec son public, ainsi qu’avec des passionnés de danse comme nous.
« Désordres », ou les prémices du chao
Fier de ses premiers succès, avec l’autorisation de reprendre des pièces de grands chorégraphes comme Balanchine ou Forsythe, Samuel Murez ne s’arrête pas là. Il y ajoute ses propres créations, mettant à l’oeuvre ses talents de chorégraphe, puis veut aller plus loin. Il ne se satisfait plus de ces enchainements de pièces : il vise une continuité dans son spectacle, une évolution, un fil conducteur tissé par les danseurs. Lors d’une tournée aux Etats-Unis, suppression des applaudissements entre chaque pièce : le premier pas est franchi. Pour la suite, Samuel Murez veut se lancer dans la création d’une pièce complète, un ballet : « Désordres » est né.
« Désordres » ou le passage d’un état structuré, voire rigide, à un état chaotique, passant des ordres aux désordres… C’est un peu l’histoire des danseurs du groupe 3e étage, danseurs de l’Opéra de Paris. Depuis leur enfance immergés dans un monde rigoureux, pliés aux règles strictes transmises dès l’Ecole de danse, ils s’échappent de ce moule, et laissent s’exprimer leur « folie créatrice ». Lui-même avoue avoir récolté de mauvaises notes étant jeune, sauf en atelier d’improvisation, là où il pouvait laisser place à son imagination, y mettre son grain de folie…
Comme au cinéma
Ne se reposant pas sur ses acquis, le jeune chorégraphe est sans cesse à la recherche de la perfection. Pour lui, la danse est bien un art « vivant », qui doit donc vivre à chaque instant, à chaque représentation. Un danseur peut réussir un mouvement une fois, mais ne donnera pas le même effet la fois suivante. Le danger est de ne pas rester dans la reproduction d’un mouvement sans âme, mais de travailler sur l’osmose entre les mouvements du danseur, les lumières, le tout pour aboutir à l’enchainement parfait. Voilà comment il définit sa vision chorégraphique.
Fasciné par le cinéma et les séries américaines, Samuel Murez puise son inspiration dans l’univers des films. Ainsi, on retrouve certains de ses personnages au fil de ses spectacles, comme dans une série. Le public peut alors suivre leurs évolutions au fil de ses créations. Le rapprochement cinématographique se fait jusque dans la communication autour de la pièce « Désordres » : d’abord un teaser, puis des interview, ensuite des affiches… comme au cinéma !
Des spectacles pour tous !
Samuel Murez souhaite viser un large public par ses chorégraphies : du néophyte à l’initié, de l’enfant au passionné. Pour rendre ses spectacles accessibles au plus grand nombre, il n’hésite pas à allier humour et ingéniosité. A Rueil, la compagnie réalisera sa première auto production. Ce choix permet de cibler son public avec moins de contraintes. C’est aussi un beau défi que le groupe se donne.
Mais attention, pas question de délaisser la qualité du spectacle. Sublimées par les danseurs époustouflants de l’Opéra de Paris, les pièces du chorégraphe se veulent avant tout d’une grande qualité artistique.
Des projets …
Cet été, 3e étage repart en tournée aux Etats-Unis. Leur programme affiche déjà complet, et on leur demande même de nouvelles dates. Bel accueil outre-atlantique, on leur souhaite autant de succès pour les tournées à venir !
… avec nous ?
Riche des rencontres avec son public ? De rendre ses spectacles accessibles à tous ? L’occasion à ne pas manquer de souligner les beaux projets de notre association avec les enfants de l’école des Amandiers, école primaire du 20ème classée ZEP : des ateliers autour de la danse, l’apprentissage d’un flashmob, un concours de dessins… à l’issu duquel les enfants ont pu remporter des places pour l’Opéra de Paris ! Alors pourquoi pas des places pour aller voir 3e étage ? Je suis sûre que nos écoliers seraient ravis d’y aller… et nous de les y emmener !
Chapeau l’artiste ! Merci à Samuel Murez pour sa générosité, pour nous avoir fait partager sa passion. Et bravo pour cette belle initiative : en espérant qu’il y ait à l’avenir d’autres belles occasions de pouvoir rencontrer de grands artistes…
Danse en Seine sera à Rueil Dimanche 9 juin : et vous ?
Du 8 au 12 juin au Théâtre André Malraux de Rueil-Malmaison : allez, allez, les réservations, c’est par ici !
Véronique, pour Danse en Seine