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Fin février, l’amphithéâtre Bastille accueillait 7 chorégraphes (tous masculins!) danseurs de l’opéra de Paris. Cette tradition perdure depuis plus de trente ans et on ne peut qu’espérer que les rendez-vous s’accélèrent avec l’arrivée de Benjamin Millepied à la tête de la compagnie.

Pour ma part, je retiendrai 3 pièces. Bien évidemment, la Premier Cauchemar de Samuel Murez qui ouvre la soirée. En tant que jeune cadre dynamique, je suis forcément intriguée par le message que le chorégraphe souhaite passer… Ces jeunes danseurs, tous identiques, tirant la gueule, littéralement, pressés et affairés, ne ressemblent pas tellement à mes chers collègues. Je suis donc un peu froissée par ce léger cliché de nos vies non artistiques mais pas si ternes… Cependant, une fois les susceptibilités dépassées, le spectacle est grandiose. Je découvre pour ma part Hugo Vigliotti, très beau danseur en pyjama, cf ci-dessus.La chorégraphie est riche, et les ensembles sont puissants. Sans retirer son mérite au chorégraphe Samuel Murez, il faut dire qu’il n’est pas à son coup d’essai. Il dirige depuis quelques années la compagnie 3ème étage en tournée courant avril en région parisienne. Chapeau également aux interprètes (dont les jeunes F.Alu et L.Baulac, quelles tronches!) , qui habitent leurs personnages mieux que mes collègues (!) et offrent une performance aussi précise que le métronome sur le piano…

Deuxième coup de coeur pour les Songes du Douanier, première chorégraphie signée Alexandre Carniato. Univers poétique à souhait, avec la douce présence en pointillés de la belle Letizia Galloni. Sur le plateau en permanence, nos trois danseurs stars font l’unanimité : Charlotte Ranson, Aurélien Houette et Alexandre Carniato himself. Dur dur d’assumer le rôle de chorégraphe et de danseur surtout pour pour une première pièce alors félicitations à ce bel artiste! Quant à vous, retenez bien ce nom je suis sûre que l’avenir lui réserve d’aussi belles surprises qu’à Samuel Murez. Pour vous en dire un peu plus, la pièce évoque le « monde sauvage exotique et exubérant du Douanier Rousseau » et « dessine en trois tableaux : un monde animal stylisé, l’humain sans perspectives (n.d.l.r. décidément!) et un univers intemporel faisant coïncider la jungle et l’homme » (ça me rappelle quelque choses non?). La danse était très fluide et esthétique et les qualités des danseurs magnifiées. Rapport au sol impressionnant pour des danseurs classiques. Bref superbe!

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Clou du spectacle, la Stratégie de l’Hippocampe, également une première chorégraphie. Simon Valastro met simplement en scène une famille. Vie quotidienne, situations routinières… On sent toute l’influence de Mats Ek, en plus théâtral cependant. C’est étonnant de voir la maturité de l’écriture chorégraphique : rien n’est laissé au hasard, l’ambiance est enivrante, on se laisse embarquer rapidement, sans savoir où cette histoire de famille nous emmène, sans comprendre complètement les dessous de la querelle, du deuil, des secrets… Bref, proposition bluffante et chroégraphie remarquable, qu’on aimerait pouvoir revoir pour analyser, ou pour admirer une nouvelle fois la sublime Eve Grinsztajn.

 

Orianne pour Danse en Seine