Dimanche 12 juin, nouveau rendez-vous avec les résidents de la Résidence du Marais. Nous retrouvons Noureev là où nous l’avions laissé: au fait de sa gloire, formant un couple mythique avec Margot Fonteyn au London Royal Ballet. Quelques anecdotes permettent de camper le personnage dans ses excès de diva, mais ne ternissent en rien son succès sur les scènes de Paris, New York ou Toronto.
Cependant, au-delà de cette gloire, Noureev révolutionne la condition du danseur en rendant une place aux étoiles masculines et en allumant une flambée d’enthousiasme pour la danse classique en général. Il dépoussière ainsi de nombreux grands classiques, autant de ballets de Petipa qu’il s’attache à rendre plus brillants, plus convaincants, allant même jusqu’à ajouter des personnages ou à leur donner une résonance psychologique.
Nous évoquons son amitié avec Barychnikov, le tournage du film Valentino, la direction d’orchestre, mais le temps qui passe est l’ennemi du danseur, et même Noureev ne peut y échapper.
À la fin des années 70, l’usure du temps devient flagrante mais Noureev refuse de l’admettre et veut continuer à danser. La direction du Royal Ballet lui échappe, Noureev accepte l’invitation de Balanchine et rejoint le New York City Ballet où il rencontre Robert Tracy, son dernier grand amour.
En 1983, on offrit à Noureev le poste de Directeur de la Danse à l’Opéra de Paris.
Durant 6 années, il put continuer à danser à l’Opéra (à condition que les danseurs de la compagnie dansent les premières) mais aussi ailleurs. Un an après sa nomination, il est déclaré séropositif, répond à la maladie par la suractivité, parvient à revoir sa mère à Oufa, et s’éteint en 1993.
Noureev a laissé une emprunte profonde dans l’histoire de l’Opéra de Paris. Le mérite lui revient d’avoir élargi le répertoire du ballet de l’Opéra de Paris en nombre mais également en styles : faisant appel à des chorégraphes reconnus ou prometteurs, Noureev tenait à ce que les danseurs puissent expérimenter différents univers chorégraphiques, comme il avait pu le faire lui-même. Outre cet enrichissement, il a également redonné une nouvelle impulsion au ballet en le dotant de nouveaux studios de répétition, en augmentant le nombre de représentations et en organisant des tournées à l’étranger. Il sut également donner leur chance aux danseurs dès la sortie de l’école, en bousculant la hiérarchie du corps de ballet. Galvanisant quelques 150 danseurs, il sut hisser le ballet à son plus haut niveau.