A partir de mercredi, Zdenka Brungot Svíteková sera la chorégraphe des 5 prochains ateliers. Découvrez son univers artistique !
Quel est ton univers chorégraphique ?
J’aime voir des nuances dans le corps et dans le mouvement ainsi que chez les êtres humains. Pas uniquement des «virtuoses techniciens». Dans une des dernières créations, nous nous sommes rendu compte avec ma collègue et co-chorégraphe que la performance technique est une chose, un «basic skill», une compétence de départ alors que nous cherchions plutôt des «soft skills» ce qui était beaucoup moins évident à trouver chez des interprètes.
J’aime avoir la sensation de pouvoir me connecter à la personne, apercevoir son monde intérieur, son intimité, ses ombres comme ses facettes lumineuses.
Si je regarde ma façon de procéder, je travaille souvent avec des partitions, des principes qui organisent le déroulement de l’action. Souvent je m’attarde sur les détails, les nuances, des endroits précis où le mouvement nait et sur la façon dont ce mouvement voyage dans le corps.
En même temps, je cherche à conserver de la place pour la spontanéité, pour l’imprévu, à l’intérieur d’un cadre précis.
Dans l’écriture, je m’efforce de mettre en place des conditions et des circonstances qui donneront à l’interprète une plus grande liberté.
L’être humain est au centre de mes intérêts, sans labels d’appartenances raciales, sociales, religieuses, politiques ou nationales. Dans ma façon de vivre et de voir le monde, chacun est fait d’épaisseurs, de strates qui s’accumulent et se déposent au fur et à mesure de la vie, chacune de ces strates nous rendant spécifiques et uniques, nous distinguant, séparant ou nous rapprochant les uns des autres.
Ces dernières années, j’ai beaucoup travaillé sur la proximité avec le spectateur, dans des pièces où le spectateur est soit sur le plateau ou bien directement inclus dans l’action (il y a dans la proximité, quelque chose qui me fascine et me dérange à la fois). Je cherche à établir et à créer un espace accueillant et rassurant où chacun puisse se comporter librement sans se sentir gêné. Je me demande aujourd’hui si cette proximité, cette porte ouverte sur le privé, sur l’espace personnel et intime de chacun est encore possible dans le monde dans lequel nous vivons (ma conviction étant qu’elle est une profonde nécessité, un besoin pour chaque individu).
Un des derniers aspects de mon «univers chorégraphique» c’est l’importance que j’accorde au lieu de la représentation, j’aime prendre en compte le lieu en lui même, les circonstances, les gens autour tout en restant fidèle à l’idée de départ et à l’esprit de la pièce.
De façon générale, je cherche à véritablement collaborer avec les autres, je crois en la collaboration même si c’est une forme de travail plus difficile et plus exigeante en terme de temps.
Peux-tu nous dire quelques mots sur ta création en cours ?
Elle évolue. Je suis partie d’une idée sur laquelle j’ai travaillé dans le passé – l’idée de la vibration et de l’oscillation. Le corps comme une matière qui vibre en tant qu’objet en soit mais aussi en tant qu’objet ou entité énergétique en relation et en réponse à son environnement. La recherche chorégraphique s’inspire des phénomènes sismiques, des mouvements lents et profonds de l’épiderme terrestre et métaphoriquement des mouvements tectoniques des profondeurs de la psyché humaine. Le projet envisage d’explorer le corps comme une unité matérielle et énergétique de soma et de psyché en relation et en réponse à son environnement interne et externe. En testant la capacité du corps à écouter et à entendre. La terre, soi-même, l’autre.
Quels ateliers as-tu prévu avec les danseurs de Danse en Seine ?
J’aimerais tester certaines idées qui sont en recherche dans la création en cours. Notamment autour des états de corps et des «physicalités» spécifiques comme celles de la densité et des différentes tonicités/tonalités de la matière du corps et autour des notions de la passivité et de l’activité, leur transmission et leur transformation. J’aimerais aussi tester quelques idées autour du travail d’interprétation corporelle d’une partition musicale.
Informations pratiques :
– Ateliers le mercredi soir, de 20h30 à 22h, au Carreau du Temple
– Inscriptions : ici
– Si vous avez des questions n’hésitez pas à nous écrire : ateliers@danseenseine.org
– Dates du cycle : 11/10, 18/10, 25/10, 08/11, 15/11 (restitution publique)