Claire Orantin, réalisatrice du film Comme ils respirent » nous a accordé une minute, le temps d’une interview. Elle nous parle choix, maturité. Et danse surtout.
1. Peux-tu nous parler du film ?
Avec le recul, je crois que « Comme il respirent » est un film avant tout sur l’amour de la danse, l’envie de danser. C’est d’ailleurs quelque chose que j’ai souvent entendu après les projections: les gens avaient envie de se mettre ou remettre à danser. Mais c’est aussi, un peu en filigrane un film sur le passage à l’âge adulte. Sur les choix qu’on doit faire dans la vie.
2. Qui sont les danseurs que tu as choisi ? Peux-tu nous les présenter ?
Les danseurs ne sont pas choisis au hasard, ce sont tous des danseurs que je connais, car anciens camarades de classe au conservatoire. Il y a Anna Chirescu, Claire Tran, Hugo Mbeng et Louise Djabri. Tous les quatre danseurs professionnels, aux parcours très différents mais si je raconte tout, je raconte le film…!
3. Pourquoi un film sur la danse ?
Je vais essayer de l’expliquer avec deux phrases. D’abord il y a une sorte de dicton qui dit « danseur un jour, danseur toujours » et le film essaye de décrypter ça. Pour montrer que la danse n’est pas qu’une chose physique. C’est une somme de plein d’éléments. Des traits de caractères, des habitudes, une mentalité, etc. Le film s’amuse de cette maxime parce qu’à des moments c’est vrai et à d’autres… pas du tout. La deuxième phrase c’est une citation de Maurice Béjart qui dit « la danse n’a plus rien à raconter, elle a beaucoup à dire ». J’aime cette idée de donner la parole au danseurs. D’aller vers quelque chose qui a priori n’est pas simple, pas naturel pour eux. Et c’est un paradoxe auquel je me suis pas mal heurtée pendant le tournage: parfois je n’arrivais pas à comprendre comment on peut exprimer tant de chose avec son corps, tout son être… et éprouver des difficultés à retranscrire ça par des mots.
4. Pourquoi ce titre ?
Au début c’était « Voyez comme ils dansent ». En référence au titre d’un spectacle que nous avions dansé enfants. Et puis avec le temps ça ne me plaisait plus, ce n’était pas le bon message. Ca faisait trop « démonstration », trop « regardez comme ils dansent bien » alors que le film c’est plutôt regardez qui ils sont… donc comme ils respirent. C’est aussi l’idée qu’il s’agit d’un instinct, de quelque chose de vital.
5. Tu t’es remise à la danse pour les besoins du film. As-tu continué ?
Je vais être honnête: oui je continue le flamenco et le street jazz oui. Mais pour ce qui est de la barre au sol et du classique, j’avoue que j’ai trop de mal. Il y a trop de frustration et de douleurs physiques. Et je n’ai plus assez de temps pour dépasser ce stade ou je récupère une condition physique correcte. Je me suis donc résignée à pratiquer la danse pour le plaisir et uniquement le plaisir. Le tournage m’a aussi fait du bien car confortée dans l’idée que mon parcours était le fruit d’un vrai choix. A aucun moment ça n’a éveillé des regrets sur le fait de ne pas être danseuse. Malgré toute l’admiration que j’ai pour les 4 danseurs du film.