Raconte nous le tableau de la cavale !
La cavale est un circuit fermé en constant mouvement. Il est l’expression même de cette routine qui nous étouffe et qui tourne à un rythme effréné.
A première vue cela peut paraître simple : nous formons un groupe soudé tournant en rond (enfin en carre!). Mais à regarder de plus près, nous évoluons au fur et à mesure vers une individualité qui s’énerve, s’écharpe pour essayer de sortir de son cadre. On peut sentir ainsi l’énervement et l’agressivité naitrent en chacune de nous.
Où as-tu cherché l’inspiration ?
Dans cette zone d’ombre que l’on refoule. On a tous un environnement qui nous échappe, des événements en dehors de notre contrôle et qui nous impactent pourtant. Souvent désemparé on se reprend en levant la tête contraint « d’aller de l’avant »… mais le sentiment persiste.
J’ai cherché dans ces sentiments profonds d’injustices et de solitude face à des situations personnelles. J’ai en tête ce cri intérieur qui ne demande qu’à s’échapper et que je n’exprime pas par la voix. Une violence primitive retenue qui s’exprime pour moi par un mouvement corporel et artistique.
Que traverses-tu en termes de sensations, d’états de corps ?
Dès le début, tout le groupe est connecté. Le rythme ne laisse pas de place à l’hésitation. Nous devons être déterminés, les mouvements synchros et précis.
Il y a donc un sentiment d’urgence qui émerge en premier lieu. Ce besoin d’aller de l’avant et d’y aller vite !
Il faut ensuite faire place à l’abandon et se dissocier du groupe par le mouvement, tout en restant a l’ecoute les une aux autres. En somme, il n’y a plus de mouvements synchronisés mais la connexion doit être là. C’est d’ailleurs ce lien entre nous qui permet l’explosion des émotions. Ce bruit qui n’est au départ qu’un chuchotement se transforme en hurlement se propageant dans tout le corps. Cette vague d’émotion prend au tripe jusqu’à lancer ce cri. Ce cri intérieur lâché jusqu’à ne plus avoir de souffle… et finalement la vie continue. Purgé de haine et de violence, le rythme du groupe reprend ses droits. Pour moi cette cavale est une boucle, l’expression d’un éternel recommencement.
Quelles sont les difficultés que tu rencontres ?
Sans hésitation la mémoire !! C’est infernal à apprendre. Les tours passent mais ne se ressemblent pas. Les changements sont parfois subtils et il est impossible d’identifier a quel tour on est! Il faut donc faire et refaire, jusqu’à ne plus réfléchir et obtenir seulement la mémoire du corps. Une demi seconde de décalage et l’effet de groupe est imparfait. Il faut faire ressortir une netteté et une précision qui est difficile a atteindre.
Il n’a pas été simple également de lâcher prise et de rentrer dans l’état de corps nécessaire. Il a fallu beaucoup de patience de la part d’Orianne et Jocelyn pour nous révéler au fur et à mesure.
Plus largement, qu’est ce qui t’a attirée dans ce projet ?
J’ai été impliquée dès le début de ce projet à travers les ateliers des scènes ouvertes. J’ai apprécié l’audace et l’implication d’Orianne et Jocelyn dans ce projet. Avec cette ambition, ils ont réussi à convaincre toutes les danseuses de la compagnie. C’est cette volonté qui m’ attire. Pour la cavale, étant de nature très pressée, la rapidité de la chorégraphie m’a tout de suite séduite !
Qu’est-ce qui te marque le plus dans la pièce ?
Les personnages sont marquants, avec des caractères forts qui ne laissent pas indifférents. Ces personnalités nous plongent dans un univers noir et envoûtant. J’apprécie cette énergie tout au long de la pièce qui démontre le travail acharné et complice de toute la compagnie.
Que t’aura appris cette aventure artistique ?
Le travail est finalement de faire un chemin intérieur. Cela m a appris a exprimer une partie de ma personnalité et d’aller plus loin qu’une pure exécution technique.
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Or des Talus
Lundi 5 janvier à 20h00 au vingtième théâtre, 7 rue Plâtrières – 75020 Paris
Tarif unique : 16€
Réservations :
http://www2.danseenseine.org/creation/paiement_places_odt_5janv
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