Il y a quelques jours nous vous racontions la préparation assidue par nos danseuses des ateliers que l’association Danse en Seine effectue pendant un mois les samedis du 15 mars au 5 avril à la Prison du Bois d’Arcy. Aujourd’hui, ça y est, les ateliers sont officiellement lancés et Camille et Lucie reviennent pour vous sur leur matinée afin de partager par écrit cette expérience unique.
C’est à 7h00 tapantes que se sont retrouvées samedi matin à la gare Montparnasse Camille, Lucie – nos danseuses – et Natacha – coordinatrice pour l’association Champ Libre – pour prendre le train en direction de Fontenay-le-Fleury. Le réveil fut dur pour nos trois bénévoles mais c’était sans compter sur l’impatience et l’excitation de cette nouvelle expérience.
L’arrivée à la maison d’arrêt du Bois d’Arcy
Après un rapide café, 30 minutes de train et une petite marche, les danseuses découvrent la maison d’arrêt. Natacha, presque une habituée des lieux, les dirige alors vers le poste de sécurité. Murs noirs, vitre teintée, porte en métal et double entrée, voici tout de la première approche de ce lieu. Après vérification des identités, les trois bénévoles peuvent passer les premières grilles.
« Ce qui marque une fois la porte de prison passée, ce sont les bruits et l’odeur. Le bruit de la porte qui se referme, un bip qui en dit long sur ce qui se passe à l’intérieur. Le bruit des pas ensuite, une odeur inexplicable, un mix de chlore et de transpiration, d’ambiance aseptisée et d’humain », décrit Camille en se remémorant ses premières impressions.
« Ces longs couloirs, le plafond bas, des grilles partout, et derrière, un espace ouvert, mais fermé… on voit loin et en même temps c’est bloqué. Pour une claustrophobe, c’est peu rassurant comme sensation », confie Lucie.
L’atelier commence !
A chaque nouvelle étape de contrôle la petite troupe croise des gardiens, accueillants et souriants, les danseuses sont amenées à leur salle, F05. Une salle semblable à une classe pour très peu d’élèves, tableau noir, et bureau de maître, la TV trône sur dans un coin de salle. Tout est prêt, lecteur DVD branché, tests effectués, les danseuses peuvent commencer leur atelier. Les détenus arrivent progressivement, certains entrent dans la salle, commencent à faire connaissance avec les danseuses et le programme de la matinée. D’autres, attendent en fumant, l’heure du début des activités.
« Nous leur avons présenté un panorama de la danse contemporaine et de ses nuances, de Merce Cunningham à Angelina Prejlocaj, de la danse-théâtre de Pina Bausch et de Samuel Murez aux alliances entre danse et technologie (Blanca Li et Pietragalla) » nous détaille Camille.
« Nous avons montré des extraits de créations de pionniers de la danse contemporaine, mais aussi d’actuels chorégraphes. Nous avons également présenté des références modernes de cet art dans des pubs et dans des clips vidéos » explique Lucie.
Après 1h30 d’échange autour des extraits vidéos présentés et des informations apportées, les détenus insistent… ils veulent danser. C’est avec grand plaisir que les danseuses proposent de leur apprendre un petit extrait d’une chorégraphie. Parmi eux se cachent en réalité deux très bons danseurs et beaucoup de très doués amateurs. Après un succès remarquable de la petite chorégraphie, les détenus proposent de montrer certains mouvements de danse qu’ils maitrisent bien ! Allez, ni une ni deux nos bénévoles dansent le Koudour, la Batchata, et un peu de break dance à leur côté.
Un moment de partage et d’émotions avec les détenus
Cela fait plus de 2 heures et l’atelier est presque fini, les danseuses expliquent donc le reste du programme sur les 3 autres semaines à venir aux côtés de Danse en Seine. Beaucoup d’enthousiasme de la part des détenus, Camille et Lucie ont tellement hâte de partager cette motivation avec le reste des bénévoles !
« Nous avons été très étonnées de la réceptivité des détenus : ils posaient des questions, ont été surpris de tout ce qu’est la danse contemporaine. Ils ont été tellement intéressés qu’ils ont voulu apprendre une chorégraphie de danse contemporaine. Nous avons pris nos chaises et leur avons transmis quelques mouvements de Rosas danst Rosas de Anne Teresa de Keersmaeker » Camille nous fait part de son ressenti sur le déroulé de l’atelier.
« Que d’émotions ! Et moi qui pensais que j’allais les ennuyer… ils se sont même prêtés au jeu de la chorégraphie, après Rosas danst Rosas, nous nous sommes amusés à reproduire les mouvements de la vidéo humoristique ‘How to contemporary dance’, et c’était magiquement drôle » Lucie en sourit encore…
Tout cela n’a pu être possible qu’avec l’aide de l’association Champ Libre. La formation qui avait été organisée il y a quelques mois avait parfaitement préparé nos danseuses à cette intervention :
« On nous avait bien préparé ! On nous a expliqué les fondamentaux du milieu carcéral et le rapport avec les détenus. Or, la réalité se passe encore mieux que ce qui nous avait été dépeint : les 2h30 passées avec les détenus ont été un moment de partage et d’échange, un moment de pause dans leur vie en cellule et notre vie à l’extérieur » un sentiment partagé par Camille et Lucie.
Prochain RDV, samedi 7h10 gare Montparnasse pour Agnès et Emmanuelle qui vont retrouver Natacha pour l’animation de l’atelier « Danse moderne et urbaine » à la Maison d’arrêt du Bois d’Arcy.
Restez connectés sur le blog de Danse en Seine pour lire bientôt leurs impressions et retours sur ce deuxième atelier dansé.
Camille et Lucie pour Danse en Seine.