Pour la deuxième fois cette année, l’association Danse en Seine emmenait les élèves de l’Ecole des Amandiers assister à un ballet à l’Opéra de Paris dans le cadre du programme « Danse à l’Ecole des Amandiers », généreusement financé par la fondation Groupe RATP et l’Enseigne Franprix.
La soirée s’ouvre sur le mythique In the Middle Somewhat Elevated, créé par Forsythe pour le Ballet de l’Opéra National de Paris en 1985. Nous y découvrons la relève de l’ONP, nouvelle génération de danseurs qui prennent un plaisir monstrueux à dépasser leurs limites, à se mettre en danger, à se révéler, bref à oser. On en oublie très vite tous les visages et les corps qui ont fait la notoriété de ce ballet. Critiques et bloggueurs s’entendent sur les nouveaux noms qui marqueront cette reprise. Vincent Chaillet qui fait régulièrement parler de lui au ce premier trimestre explose dans ce rôle technique et puissant. Alice Renavand toujours remarquable s’installe dans son personnage tandis qu’Aurélia Bellet nous donne ses tripes et nous bluffe par la maîtrise inconditionnelle de son corps magnifique. Les enfants restent bouche bée face à cette explosion de corps, de lignes, de lumières. La musique est envoûtante et ils voudraient que jamais cela ne cesse. Mais le jour revient dans la salle, les enfants applaudissent avec enthousiasme et les adhérents sont unanimes : le plaisir de danser et de voir danser est partagé par tous, mission accomplie!
On enchaîne avec le très doux et très poétique trio de Trisha Brown. Nos fidèles lecteurs connaissaient le thème et le processus créatif de la pièce : ils se sont donc appliqués à chercher les alphabets de chaque danseur. Ce ciel étoilé et ces vers chuchotés tranchent avec l’univers angulaire de Forsythe. C’est rond, c’est respiré, c’est une matière épaisse que les trois danseurs s’approprient avec talent, et le grand Jérémie Bélingard est toujours aussi juste dans son interprétation.
L’entracte permet à tous de (re)découvrir foyer et grand escalier. Pain au chocolat et jus d’orange requinquent nos jeunes balletomanes qui répondent à nos questions une fois l’estomac remplit : Oui c’était beau, oui ils ont aimé, mais ils ne savent pas s’ils ont préféré une des deux pièces. Le ciel étoilé a conquis Ludy, mais c’est plutôt un style Forsythe qui ressort de ses mouvements. Elle aime danser et elle reproduit très facilement les cassures de lignes qu’elle a vu dans In the Middle. Etonnant! Son don naturel éclatera lors du flashmob de la semaine suivante (article à venir).
Suivent deux pièces de Forsythe toujours créées pour l’ONP. Deux belles étoiles se répondent dans Pas. / Parts et c’est un plaisir de les revoir sur scène. Mais le quatuor plaît moins, une sorte d’In the Middle poussé à son paroxysme. Les couleurs dansent et c’est difficile de s’y retrouver entre les duos, solos, quatuors, groupes… Toutes les formats sont explorés et réussis, surpassant les précédents. L’énergie monte en continu et exulte lors du final. Comment ? C’est déjà terminé?
Orianne, pour Danse en Seine