Pour fêter les vacances scolaires, Danse en Seine organisait pour la première fois une projection commentée à l’Ecole des Amandiers, autour du ballet Appartement de Mats Ek. Après un premier échange autour des différentes danses connues et/ou pratiquées par notre auditoire, une présentation du chorégraphe Mats Ek est faite. Quelques mots d’introduction du ballet plus tard, et le gymnase des Amandiers est plongé dans la pénombre. Nous visionnons d’abord les tableaux salle de bains, télévision, passage piétonnier et cuisine… Beaucoup d’images, beaucoup d’évocations, des sourires, des grimaces d’étonnement : ces 20 premières minutes procurent déjà une belle base de discussion!
Les enfants des Amandiers répondent avec entrain à nos questions et nous racontent leurs ressentis : des parallèles sont faits avec la danse hip hop (tableau de la salle de bains), des impressions sur le choix musical, des sentiments amoureux vivaces mais empreints d’un secret incroyable (un bébé dans le four? quelle drôle d’idée!) sont perçus durant le tableau de la cuisine, le passage de la télévision laisse perplexe… En effet, si tout le monde se sent interpellé par cette situation de la vie quotidienne, l’énervement de José Martinez (en espagnol de surcroît), sa danse explosive et ces images fortes (crachat) tranchent avec le « Te Quiero » qu’il crie… Est-il agacé par un match de foot où l’arbitre est corrompu, l’équipe particulièrement mauvaise, la réception parasitée par d’autres émissions, ou laisse-t-il éclater ses sentiments envers une certaine femme dans ce moment d’intimité, où`il ose d’ailleurs se curer le nez? Face à ces scènes surprenantes, les spectateurs ricanent discrètement : il est de bon ton de les rassurer, le rire est permis, même à l’Opéra Garnier! Le passage piétonnier nécessite un décryptage… Nos néophytes s’interrogent : quelle histoire? quelle signification? Nous tentons tant bien que mal de donner quelques clés de lectures, mais la danse et surtout la création chorégraphique n’est pas une science exacte…
Nous attaquons ensuite la deuxième partie de la pièce : Jeux d’enfants, Valse, Marche des aspirateurs, duos des embryons et grand pas de deux… Comme attendu, deux tableaux marquent les esprits : les aspirateurs et le pas de deux de la porte. Les enfants se montrent particulièrement pro-actifs : questions, ébauches de mouvements, etc… Mais surtout le pari est réussi : la pièce plaît et les captive! Qui a dit que la danse contemporaine n’était pas accessible? Parmi les parents, beaucoup changent d’ailleurs d’avis sur cette discipline et nous confient leur plaisir à se voir expliquer certaines scènes, et surtout à échanger après la représentation. Le plaisir individuel et éphémère du spectacle vivant devient collectif et les incite alors à la réflexion. Ainsi, les parents se prêtent au jeu et complètent les interprétations de leur progéniture, notamment sur la scène de l’aspirateur : quel en est le message? La place des femmes dans la société? Le poids des traditions pluri-centenaires où la femme tenait le foyer serait-il évoqué également par le choix musical de la cornemuse? Et ces recettes de mousse au chocolat?
L’heure tourne et l’auditoire est toujours aussi bavard mais il se fait bientôt tard… Après avoir remercié la Fondation Groupe RATP qui a rendu cet atelier possible, nous plions bagage, en promettant de revenir vite !