Mardi 10 avril, la compagnie Danse en Seine était invitée pour la première fois sur la scène de l’auditorium Saint Germain. Cette scène ouverte organisée par la MPAA a permis à nos adhérents de découvrir le travail de la compagnie ainsi que celui de la compagnie Champagne, qui reprenait une pièce de James Carlès et du collectif Oz, qui présentait sa dernière création. Alors que toutes les chroniqueuses habituelles du blog étaient en coulisses ou sur le plateau, c’est l’un de nos adhérents qui prend la plume aujourd’hui pour partager ses impressions…
C’est dans une ambiance assez sobre et minimaliste que commence la première pièce de la compagnie Danse en Seine, Toutes, somme Unes. Les danseuses s’y livrent à une performance où la notion « d’esprit de corps » prend tout son sens. Dans un mouvement permanent, elles s’assemblent, se groupent, et occasionnellement, l’une ou l’autre se détache. La chorégraphie laisse visiblement une grande place au jeu synchrone/asynchrone : certains mouvements sont repris à l’unisson par toutes les danseuses, d’autres en décalage, comme pour mieux souligner le mimétisme dont font parfois preuve les individus d’un groupe.
Dans la deuxième pièce, Cache Corps, la mise en scène occupe une place plus importante avec un fil à linge tendu sur le devant de la scène. Les vêtement y sont suspendus, devant chaque danseuse, qui sont ainsi « habillées » par le jeu de la perspective. Chez certaines, on n’aperçoit que des bras, chez d’autres seulement des jambes, ou encore juste une tête… L’occasion d’un travail artistique, mais cette fois sur une portion de l’individu, « l’esprit DU corps » en quelque sorte. Mais pas n’importe quel corps : celui de la femme. Femme active, loubarde, adolescente, chaque danseuse livre son interprétation dans une scène de rue qui suit l’épisode du fil à linge.
Les deux pièces ont été brillamment servies par un éclairage surprenant et de grande qualité, et par une atmosphère musicale très minimale, voire un peu (trop?) abstraite. Sans pour autant tourner à la démonstration technique de ses danseuses, on sentait la compagnie maîtresse de son sujet, et la chorégraphie bien en place.
Toutes, somme Unes et Cache Corps invitent globalement à la réflexion sur notre comportement de groupe. Que ce soit par le mimétisme, la proximité physique dans la première pièce, ou bien par la féminité, les codes vestimentaires dans la deuxième. On s’interroge sur ce qui rapproche finalement tous ces individus (l’apparence, le sexe, la sécurité du groupe?) sans pour autant chercher à y apporter de réponses, à la manière d’un sociologue.
Si la première pièce surprenait par son environnement sobre, par moments inquiétants, la seconde proposait plus de légèreté. Mais dans les deux cas, la créativité et l’émotion jouaient un rôle de premier plan.
Le reproche que l’on pourrait formuler est un univers rendu paradoxalement un peu complexe par sa simplicité. Les choix musicaux notamment ne facilitent pas l’accès aux néophytes de la danse contemporaine. Mais la force de la compagnie tient sans doute dans la rigueur de l’exécution, irréprochable.
Les deux compagnies ont travaillé sur un tout autre registre. La compagnie Champagne faisait la part belle aux pas, attitudes et mouvements complexes, où chaque danseuse avait l’opportunité d’exhiber son savoir-faire en modern-jazz lors d’un solo ou d’un pas de deux. A contrario, le collectif Oz mettait en avant sa créativité et sa modernité, voire son humour ! L’enchaînement de ces trois compagnie était intéressant en ce qu’il cherchait à varier les émotions. A l’admiration des prouesses de Compagnie Champagne succédait la recherche et la réflexion de Danse En Seine, en terminant par l’originalité du Collectif Oz. Le tout donnait un spectacle agréable, délibérément court et très équilibré.
Ce format, particulièrement intéressant, incite à continuer à suivre de près la jeune compagnie Danse En Seine, dans ses évolutions tant artistiques que chorégraphiques.