Rien n’y fait, on l’a vue et revue, dans différentes distributions et différents états d’esprits, en tant que variations de concours ou en ballet intégral, mais à chaque fois, La Bayadère procure cette même sensation de satisfaction… En trois actes, variés, dansants, colorés, académiques ou folkoriques, en 3*45 minutes on voyage au travers de l’Inde d’un autre siècle. Inlassablement, on se laisse aller à sourire avec amusement lors le l’apparition de l’éléphant sur scène, on se laisse gagner par l’émotion communicative de Nikiya, trompée et malheureuse, on se laisse surprendre par la beauté de l’ouverture de l’acte du Royaume des Ombres, et on verse même sa larme lors de la scène finale…
Bref tout y est, comme avant, mais avec en plus de nouveaux talents qui émergent et qui stimulent la curiosité des spectateurs assidus de Bastille, ayant vus maintes et maintes fois le classique de Noureev.
Ainsi on y admire un Josua Hoffalt radieux, bel homme et talentueux danseur, sacré étoile le soir de la première. Entrée phénoménale sur trois grands jetés félins… Le ton est donné…
La première distribution donne également la parole à la jeune Héloïse Bourdon, émouvante mais un soupçon fragile dans cette première variation technique des Trois Ombres. On lui souhaite le meilleur pour ses prochaines dates et surtout pour le 24 mars où elle interprétera le rôle titre. Soulignons d’ailleurs la prise de risque de la Maison qui a programmé de nombreux jeunes et talentueux sujets dans ses différentes distributions.
Dans la deuxième variation des Trois Ombres, Charline Giezendanner excelle : on la sent forte et confiante, et sa prestation brillante fait oublier celle d’Aurélia Bellet, qui la suit.
Que dire de cette distribution étoilée… Aurélie est grandiose comme à son habitude, et si je suis clairement venue la voir ce soir là, c’est Dorothée Gilbert qui restera gravée dans ma mémoire : habitée par son rôle, cruelle, autoritaire. Le premier acte rend honneur à ses extraordianaires capacités d’uinterprétation et le rideau tombe sur elle, main tremblante et visage défait : sa colère vengeresse nous fait frémir.
Et pour le plaisir, quelques extraits de sa variation du second acte :
Pour le Royaume des Ombres comme dit plus haut, même magie, même apnée… Et malgré quelques arabesques tremblantes, on félicite le Corps de Ballet qui fait le succès de cet acte et la fierté des Etoiles.